Et oui avec Jean-Michel Blanquer on voyage dans le passé. Je vous laisse apprécier cette réponse de Célestin Freinet aux
détracteurs de la "pédagogie nouvelle", écrite en... 1959, mais d'une surprenante actualité.
La Sirène
La méthode globale, cette galeuse !
«Il faut dans toute période difficile trouver un bouc émissaire.
La Méthode Globale est aujourd'hui responsable de tous les maux dont souffre l'École.
Si les enfants lisent moins bien qu'autrefois, c'est la faute à la Méthode Globale.
S'ils manquent d'attention et de concentration dans leurs devoirs, s'ils font trop de fautes
dans leurs dictées ou dans leurs lettres, c'est évidemment la méthode globale qui en est la
cause.
La discipline elle même, et donc la marche générale des établissements, en sont affectés.
Qu'on revienne donc à la bonne règle préalable du B-A BA et aux exercices
méthodiques; qu'on enseigne les bases avant d'aborder le tout, et l'éducation refleurira.
L'État sera sauvé.
Evidemment, ceux qui prononcent avec tant d'assurance ces condamnations définitives
ne savent pas même ce que sont les méthodes globales. Ils ignorent sans doute que ces
méthodes ne sont pratiquées intégralement dans aucune école française, et que nous
n'avons en France aucun manuel de méthode globale. Partout, dans toutes les écoles, on
débute bien par ce qu'on croit être le commencement : le mot, la syllabe, les lettres avec
seulement quelques appels timides à la compréhension naturelle d'ensemble qui
occupent bien souvent dans les processus d'apprentissage non scolaire la première place.
La méthode globale n'est employée dans aucune école française comme méthode de base, mais elle n'est pas moins déclarée responsable d'un désordre et d'une carence dont parents et éducateurs commencent à prendre heureusement conscience.»
La réponse complète de Célestin Freinetà télécharger (pdf)
La pratique exclusive de la méthode syllabique est décidément une obsession chez Jean-Michel Blanquer. En 2006, alors qu'il était directeur adjoint dans le cabinet du ministre de l'Éducation nationale, Gilles de Robien, il s'était déjà signalé par des initiatives voisines qui avaient suscité l'indignation des syndicats d'enseignants, de l'association française des enseignants de français, etc.