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Une fois de plus Jean-Michel Blanquer est contraint de manger son chapeau (Le 19 janvier sur France Inter il affirmait «vouloir maintenir autant que possible le calendrier prévu»). Jeudi 21 janvier en milieu de soirée, soit trois jours plus tard, le ministre de l'Education nationale annonce sans concertation, dans un courriel adressé aux chefs d'établissements et aux enseignants, la suppression des épreuves de spécialité du baccalauréat, prévues le 15 mars: «Les enseignements de spécialité des baccalauréats général et technologique ne seront pas évalués au travers d’épreuves au mois de mars mais sur la base des moyennes des trois trimestres de terminale de ces enseignements» Cependant l'épreuve est seulement reportée pour les établissements hors contrat (à une date qui sera précisée ultérieurement). Sur cette année scolaire, en spécialité, hors grand oral, les élèves ont travaillé deux mois dans les lycées, un mois à distance et quelques semaines en alternance.

Les moyennes des deux premiers trimestres seront prises en compte dans Parcoursup.

Les épreuves prévues en juin sont elles maintenues (pour le moment), en particulier le grand oral. En philosophie, les élèves auront le choix entre trois sujets de dissertation au lieu de deux. En français (épreuve anticipée en première) l'oral pourra ne porter que sur quatorze textes en première générale et sept en première technologique et l'écrit est inchangé (comme l'explique le café pédagogique il faut sauver la dissertation et la grammaire). Pour l'ECE (Evaluation des capacités expérimentales) on ne sait rien, ce qui révèle une fois de plus l'improvisation permanente de ce ministère

La quasi totalité des syndicats et des associations disciplinaires avaient demandé un report de l'épreuve de spécialité en juin, à la place du grand oral. Le grand oral, à mi-chemin entre exercice oratoire et entretien d'embauche, se trouve être un exercice très sélectif socialement, faute de l'entrainement nécessaire (1), et c'est une épreuve à laquelle Jean-Michel Blanquer tient beaucoup, peut-être pour cette raison [la sélection sociale].

Les réseaux sociaux se sont glossés (bien avant l'apparition de l'épidémie) d'une fiche d'évaluation présentée par Cyril Delhay, conseiller pour les arts oratoires du centre d'écriture et de rhétorique de Sciences Po et tirée d'un rapport qui a fortement inspiré le ministre; cette fiche est très révélatrice de cet élitisme...

«Un jeune de quartier populaire ou un paysan porte son milieu dans sa voix. Cela demande beaucoup de maitrise pour l'évaluateur d’avoir assez de distance pour neutraliser ce paramètre. La véritable révolution à faire, c'est amener les examinateurs à prendre leur distance vis-à-vis des jugements qu'ils portent et leurs préjugés sociaux.»
Sylvie Plane

C'est probablement mal parti.

Il faut rappeler que les TPE (travaux personnalisés d'élèves), qui eux disposaient d'un minimum de moyens, ont disparu pour laisser la place à ce grand oral; les TPE étaient un exercice collectif, donc basé sur la coopération et non sur la compétition et l'individualisme; c'était aussi, lorsqu'ils étaient bien encadrés, une expérience qui pouvait être très créative.

(1) Aucun moyen spécifique n'est prévu pour s'entrainer à ce type d'exercice qui est logiquement à placer dans le cadre des enseignements de spécialité. Avec des contenus extraordinairement encyclopédiques et 40 élèves par classe la chose est un peu mission impossible. L'enseignement distancié mis en place à la suite de l'épidémie de Covid-19 n'a évidement rien arrangé. Mais avec l'annulation de l'épreuve de spécialité, les lycéen.ne.s vont pouvoir consacrer du temps au grand oral sans être sûr.e.s qu'il ait lieu...

Mise à jour: une pétition lancée à l'initiative de lycéen·ne·s demande la suppression de cette épreuve.

Références


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