La stratégie de l'autruche
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L'expression résulte d'une légende qui voudrait qu'une autruche ayant peur reste figée debout et la tête dans le sable au lieu de s'enfuir (en réalité l'autruche se couche sur le sol la tête repliée).
Métaphoriquement, c'est la négation de toute stratégie: elle consiste à ne rien changer alors qu'on court à la catastrophe, foncer dans un mur en faisant semblant de ne pas le voir.
Le chef de l'Etat (français) joue et perd
Dans cette épidémie pleine de (mauvaises) surprises, il serait possible de lui faire crédit; le problème c'est qu'il semble ne pas vouloir reconnaitre son erreur et persister dans une stratégie suicidaire, en prenant modèle sur son ministre de l'Education. Ils se sont d'ailleurs bien renvoyés la balle, Jean-Michel Blanquer qualifiant Emmanuel Macron de "meilleur épidémiologiste de France".La quarantaine n'a été mise en oeuvre qu'une fois et pour des personnes qui n'étaient même pas malades: les français rapatriés de Wuhan. Ensuite,"on" n'avait pas de masques; ensuite "on" devait tester, tracer, isoler, mais "on" n'avait pas assez de tests et surtout, "on" n'a pas voulu imposer l'isolement. Aujourd'hui "on" brandit la vaccination, mais "on" n'a pas assez de vaccins.
Laisser circuler le virus a un niveau très élevé comme ce mois de mars en France, c'est favoriser l'apparition de variants. Les variants sont dus à des erreurs de réplication (de copie): la circulation du virus reflète (est permise) par sa réplication; ensuite une sélection naturelle se fait entre variants apparus au hasard: plus la population est vaccinée et plus les variants qui pourraient infecter et donc circuler malgré la vaccination sont favorisés par rapport aux autres, c'est pourquoi la stratégie consistant à laisser circuler le virus à un niveau élévé alors que la vaccination n'est pas massivement déployée, et plus encore la statégie de l'immunité naturelle sont très dangereuses. Le pire n'est jamais certain, mais s'il apparait un variant capable d'infecter les personnes vaccinées (et c'est un peu le cas du variant B.1.351 dit "sud-africain"), on est revenu au point de départ, c'est à dire au début de la première vague. Heureusement le variant sud-africain reste en partie neutralisé par l'immunité naturelle et par la vaccination (les lymphocytes T "tueurs" s'en sortent mieux que les lymphocytes B producteurs d'anticorps: Redd et all, mars 2021) et il circule peu en Europe. «Les variants ne pourrissent pas la vie des Néo-Zélandais ni des Coréens, et il ne s'en crée pas de nouveaux là-bas: ils sont sortis des pays qui avaient la transmission la plus importante.» répète l'épidémiologiste Renaud Piarroux.
Il est très important que la vaccination des Européens ne traine pas en longueur, mais un variant très infectieux apparu dans tout pays pourrait ensuite contaminer à nouveau la planète entière, y compris les pays qui penseraient avoir contrôlé l'épidémie dans un premier temps.
L'effondrement de l'Education nationale
A près des mois de négationisme par rapport à l'épidémie de la Covid-19, les résultats du ministre Blanquer sont dramatiques, en particulier dans l'académie de Créteil, l'une des plus défavorisées de France.
«Confrontés à des contaminations galopantes, les établissements scolaires se vident, les parents retirent leurs enfants et les professeurs malades ne sont pas remplacés. Mais le ministre de l'Education reste sur ses positions.»
Cécile Bourgneuf, pour Libération, publié le 28 mars 2021.
Les données de l'Education nationale sont très en dessous de la réalité, comme le prouve la comparaison avec celles de Santé Publique France (France entière).
Bien que les cas confirmés recensés par le Ministère de l'Education nationale soient inférieurs à la réalité, comme on l'a vu précédemment, s'intéresser à leur évolution reste pertinent: le document concerne cette fois l'académie de Grenoble (qui représente une situation médiane en France).
Les cas confirmés sur 7 jours sont faibles au retour des vacances scolaires et augmentent régulièrement à chaque phase d'ouverture des classes, un peu plus raidement en mars qu'en janvier.
Ce qui contredit formellement les déclarations de Jean-Michel Blanquer: «d'après les études que j'ai et ce que je peux lire, j'observe qu'à l'occasion des vacances, les enfants ont tendance à se contaminer davantage que pendant la période scolaire» (samedi 20 février, BFMTV repris par Ouest-France). Ce genre de déclaration relève une fois de plus de la désinformation !
«Jean-Michel Blanquer est dans le déni de ce qui se passe dans les écoles», a concédé auprès de l'AFP une source gouvernementale, qui ajoute que «message lui a été passé d'être plus précis dans les chiffres et d'évoquer la réalité de ce qu'il se passe dans les écoles plutôt que d'essayer de faire croire l'inverse». Il est selon cette source difficile «de faire croire aux Français qu'on se contamine beaucoup au travail et pas du tout dans les écoles» (LCI, 25 mars 2021).
«Vous croyez que mettre 30 personnes, cinq jours sur sept, pendant huit heures dans la même pièce ne génère pas de contamination ? Sans compter qu'ils sont des centaines à se restaurer chaque midi dans une cantine, sans masque», a résumé Mahmoud Zureik, professeur de santé publique et d'épidémiologie à l'Université (LCI, 25 mars 2021).
Pour Arnaud Fontanet, épidémiologiste et membre du Conseil scientifique sur l'épidémie, de rappeler que d'après l'Institut Pasteur «avoir un collégien ou un lycéen chez soi accroit de 30% le risque d'être infecté». Quant aux élèves de primaire, «on n'a pas observé d'augmentation de risque [...] mais c'était avant l'arrivée du variant anglais» (LCI, 25 mars 2021).
Références
↑ Redd et all. 2021. CD8+ T cell responses in COVID-19 convalescent individuals target conserved epitopes from multiple prominent SARS-CoV-2 circulating variants. Open Forum Infectious Diseases, ofab143. DOI: doi.org/10.1093/ofid/ofab143
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↑ 20 février 2021. Covid-19. Jean-Michel Blanquer craint une augmentation des contaminations à la rentrée scolaire. Ouest France cité par MSN
↑ 25 mars 2021. La position de plus en plus difficilement tenable de Jean-Michel Blanquer. LCI.
↑ 30 mars 2021. Monsieur le Président, il nous faut nous confiner. Tribune du président du Conseil national de l’ordre des médecins, Patrick Bouet, sur Libération.
↑ 20 février 2021. Covid-19. Jean-Michel Blanquer craint une augmentation des contaminations à la rentrée scolaire. Ouest France cité par MSN
↑ 25 mars 2021. La position de plus en plus difficilement tenable de Jean-Michel Blanquer. LCI.
↑ 30 mars 2021. Monsieur le Président, il nous faut nous confiner. Tribune du président du Conseil national de l’ordre des médecins, Patrick Bouet, sur Libération.
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