L'Ecole face à la Covid-19: chronique d'un effondrement annoncé
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La situation épidémiologique en France au 27 décembre 2021

Au printemps 2021, sous le règne du variant α le rôle des collèges dans la transmission à considérablement augmenté (sans doute un effet de la vaccination des plus de 18 ans qui a réduit la transmission dans cette catégorie de population par rapport à des collégiens non vaccinés).
Cet automne le variant δ voit sa circulation devenir prédominante à l'école primaire, supérieure à celle concernant les collégiens (là encore un effet de la vaccination des plus âgés, mais aussi parce que le respect des gestes barrières est sans doute plus difficile à assurer à l'école primaire, sans compter que l'obligation de porter le masque avait été très inconsidérément levée dans de nombreux départements français et ailleurs dans certains contextes comme les récréations).
Un changement spectaculaire se produit avec les vacances scolaires de Noël et l'arrivée du variant omicron, les courbes apparaissant quasiment superposées avec une augmentation inédite (le taux d'incidence est cependant plus élevé cette fois chez les adultes).
Le deni de l'épidémie dans lequel se place le ministre Jean-Michel Blanquer est mis en cause à répétion:
«Nous vous demandons solennellement de prendre en urgence toutes les mesures nécessaires pour endiguer l'épidémie au sein des écoles, garantir la santé des élèves, des personnels et des familles, et installer des modalités de gestion de la situation qui permettent à l'école et à ses personnels de tenir.»
Syndicats SNUIPP, Sgen-Cfdt, Sud, Snalc, Sne le 10 décembre 2021
(consultez aussi le site Ecole et familles oubliées).Malgré une baisse du taux d'incidence fin décembre chez les enfants du primaire (s'expliquant par les vacances: moindre circulation du virus à la maison comparée à celle engendrée par l'école) la reprise des cours révèle une incapacité de l'école (collèges et lycées compris) à gérer la crise sanitaire. Le trop faible nombre de remplaçants alors que le nombre des enseignants malades explose; les effectifs dramatiquement insuffisants en infirmières scolaires; le manque de moyens pour gérer les tâches administratives (ici le suivi des infections, des tests et des isolements) conduisent à un quasi effondrement du service public.
Le nombre des élèves positifs est tellement élévé qu'il n'est tout simplement plus possible de les comptabiliser. Avec le nouveau protocole annoncé par le premier ministre le 10 janvier (3 changements de protocole en une seule semaine !), on se contentera d'autotests; ce énième changement est qualifié de "tests folkloriques" par beaucoup, mais devant la pénurie d'autotests disponibles en pharmacie et les difficultés techniques qui reprochera à un parent d'abandonner le test face à un enfant qui pleure ? Un effet collatéral est que les agences de santé ne comptabilisent pas les résultats des autotests, donc la plupart des cas positifs vont disparaitre des statistiques, ce qui ravira évidemment Jean-Michel Blanquer. Mais casser le thermomètre -au sens littéral comme au figuré- n'est peut-être pas le moyen le plus efficace pour faire baisser la fièvre et l'épidémie). Pour la semaine de 2 au 8 janvier, en Haute-Savoie par exemple, le taux d'incidence chez les 10-19 ans était de plus de 6 000 pour 100 000, ce qui fait en moyenne deux élèves par classe positifs de façon permanente. Le syndicat des personnels de direction indiquait un taux d'absence de 15% chez les élèves du secondaire tous départements confondus (Franceinfo, 9 janvier 2022). Envisager un fonctionnement "normal" de l'école dans ces conditions relève du fantasme.
2022

Vendredi 7 janvier, le principal syndicat appelle à la grève le 13 janvier "pour une école sécure sous ο (omicron)".
«Comme prévu, la situation épidémique atteint des sommets de contamination. Le ministre de l'éducation, lui, continue de faire le choix de maintenir les écoles ouvertes "quoi qu'il en coûte". Il allège les mesures protectrices, notamment sur les fermetures de classe et l'isolement des élèves, désorganisant totalement l'école, mettant les personnels, les élèves et leur famille en danger et les enseignant·es en souffrance professionnelle. Le SNUipp-FSU considère que la situation n'est plus tenable et appelle les personnels à se mettre en grève le 13 janvier. Il propose aux autres organisations syndicales de s'y joindre.»
Au 10 janvier, le SNUIPP est suivi par la totalité des autres organisations professionnelles (cela aura pris plus de temps à certaines organisations qu'à d'autres, mais toute l'Education nationale est à présent unie pour dénoncer la non-action calamiteuse d'un ministre).
La Fédération des Conseils de Parents d'élèves n'est pas en reste déclarant le 5 janvier 2022: «La FCPE n'est toujours pas entendue: l'école a besoin que de vrais moyens soient déployés pour protéger l'ensemble de la communauté éducative: plus d'enseignants remplaçants, plus de personnel de médecine scolaire, plus de masques, d'autotests, de savons, de capteurs de CO2...»
Malheureusement tout cela ne s'improvise pas. Former des personnels prend des années... Hors si la pandémie était imprévisible, elle est installée à présent depuis deux ans. Si Jean-Michel Blanquer avait le moindre grain de probité il aurait du démissionner depuis longtemps. Il a expliqué la publication tardive du premier protocole sanitaire de janvier par «la nécessité de coller au plus près à la réalité du terrain»; on sait aujourd'hui que sa réalité, c'était des vacances à Ibiza: mensonge, mensonge, mensonge.
Avec Jean-Michel Blanquer le vrai est faux et le faux est vrai.


Le meilleur: happening devant le ministère de l'Education, le mercredi 19 janvier 2022:
Vidéo Dailymotion. Bravo aux militantes et militants !
Le 21 janvier selon le ministère de l'Education, près de 19 000 classes étaient fermées soit 20% de plus que la semaine précédente. Le 28 janvier, 21 000 classes étaient fermées (12% de plus).
Bibliographie
↑ 6 décembre 2021. La gestion de l'épidémie et l'éthique. Le Café pédagogique.
Début décembre 2021, tout se passe comme si l'objectif était d'éviter les fermetures des classes quitte à laisser filer l'épidémie à l'école. Un pari des plus hasardeux.
↑ 2021. Les mesures indispensables à l'école. Ecoles & familles oubliées.
Lettre commune avec la FCPE.
↑ 2022. Mon école va craquer. SNUIPP.
↑ 2022. En janvier, les moyens ne sont toujours pas à la hauteur. FCPE.
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