L'Ecole d'après
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Une des choses utiles que nous pouvons faire dans cette crise inédite est prendre un peu de hauteur.
Beaucoup, dont je fais partie pensent qu'il est grand temps d'utiliser cette crise pour changer de paradigme. Pour eux, le Monde d'après ne peut plus être comme le Monde d'avant, sinon cette fois nous disparaitrons (ou presque). Le Covid-19 nous donne peut-être le dernier avertissement avant l'effondrement total. D'autres restent l'oeil rivé sur les paramètres économiques comme s'ils ne pouvaient imaginer autre chose que de faire comme ils ont toujours fait. Bien des épidémies se sont déjà produites qui n'ont pas beaucoup changé le cours de l'histoire mais cette fois, l'humanité était déjà engagée dans un début de prise de conscience mondiale qui permettra peut-être de tirer davantage de leçons de cette crise que nous en avaons tiré des crises passées. Le Covid-19 n'est pas notre ennemi, c'est un virus vivant. Nous sommes des êtres vivants. Et nous faisons tous partie du monde vivant. C'est sans doute pour l'avoir oublié que nous en sommes là où nous en sommes.
L'école prend de plein fouet cette situation. Enseignement à distance peut vouloir dire mise à distance de l'enseignement. Les visions de l'Ecole d'après sont tout aussi variées et opposées que les visions du monde d'après, mais contrairement l'organisation économique, il ne sera (sans doute) plus possible de revenir à l'école d'avant tant cette période de confinement balaie tout; et d'autant (mise à jour) que le virus ne se contente pas d'une "première vague épidémique".
La tâche est immense et je ne suis pas plus philosophe que tout un chacun (mais autant que tout un chacun). Cette page est une tentative et elle évoluera au grès des semaines du confinement (si je ne croise pas trop violement le virus d'ici là). J'envisage au départ deux pistes:
- la lecture (relecture) d'Ivan Illich;
- une réflexion sur le e-learning ou l'utilisation des outils informatiques.
D'autres pistes apparaitront peut-être ensuite.
Illich cite les expérences d'Angel Quintero (à Porto Rico) dans lesquelles à condition de disposer des outils et de l'environnement adéquat les élèves instruits par leur pairs apprennent davantage qu'avec des enseignants qualifiés. On ne peut s'empêcher de mettre en relation cette citation avec les débats historiques sur l'enseignement mutuel très présents en France au début du 19e siècle.
Nous essaierons de retrouver les débats enflammés de l'époque dans cet article sur l'école mutuelle.
Une des transformations qui peut être mise en place dès à présent pour faire vivre une autre idée de l'école, c'est l'éducation permanente (Condorcet). Elle repose sur le désir et non sur l'utilité (sans que les deux choses soient incompatibles)
(à suivre)
Ivan Illich. 1971. Deschooling Society. Internet archive (1971. Une société sans école. Le Seuil). La traduction française n'est pas en libre accès mais vous trouverez quelques extraits ici.
Pour une autre école, épisode 4 (à écouter: 59min) France culture le 07 septembre 2017.
Dumazedier Joffre. Une société sans école (compte-rendu). Revue française de pédagogie, Année 1972 21 pp. 88-92.
Pardon les enfants ! Une tribune de Sylvain Grandserre publiée par le Café pédagogique le 15 avril 2020.
Oui, mais... Un texte qui va dans le bon sens bien sûr, mais qui ne doit pas créer l'illusion que l'école est là (et peut) compenser les inégalités sociales. C'est bien trop lui demander.
L'école d'après... avec la pédagogie d'avant ? Philippe Meirieu publié par le Café pédagogique le 17 avril 2020.
L’école a raté l'occasion de se renouveler" ? Jean-Paul Payet publié par le Café pédagogique le 24 avril 2020.
Classé dans: Covid 19 école éducation Yvan Illich
Beaucoup, dont je fais partie pensent qu'il est grand temps d'utiliser cette crise pour changer de paradigme. Pour eux, le Monde d'après ne peut plus être comme le Monde d'avant, sinon cette fois nous disparaitrons (ou presque). Le Covid-19 nous donne peut-être le dernier avertissement avant l'effondrement total. D'autres restent l'oeil rivé sur les paramètres économiques comme s'ils ne pouvaient imaginer autre chose que de faire comme ils ont toujours fait. Bien des épidémies se sont déjà produites qui n'ont pas beaucoup changé le cours de l'histoire mais cette fois, l'humanité était déjà engagée dans un début de prise de conscience mondiale qui permettra peut-être de tirer davantage de leçons de cette crise que nous en avaons tiré des crises passées. Le Covid-19 n'est pas notre ennemi, c'est un virus vivant. Nous sommes des êtres vivants. Et nous faisons tous partie du monde vivant. C'est sans doute pour l'avoir oublié que nous en sommes là où nous en sommes.
L'école prend de plein fouet cette situation. Enseignement à distance peut vouloir dire mise à distance de l'enseignement. Les visions de l'Ecole d'après sont tout aussi variées et opposées que les visions du monde d'après, mais contrairement l'organisation économique, il ne sera (sans doute) plus possible de revenir à l'école d'avant tant cette période de confinement balaie tout; et d'autant (mise à jour) que le virus ne se contente pas d'une "première vague épidémique".
La tâche est immense et je ne suis pas plus philosophe que tout un chacun (mais autant que tout un chacun). Cette page est une tentative et elle évoluera au grès des semaines du confinement (si je ne croise pas trop violement le virus d'ici là). J'envisage au départ deux pistes:
- la lecture (relecture) d'Ivan Illich;
- une réflexion sur le e-learning ou l'utilisation des outils informatiques.
D'autres pistes apparaitront peut-être ensuite.
1. Deschooling Society
J'ai un peu de mal à traduire ce titre, ce qui est sûr c'est que la traduction française de l'époque est une caricature (de Déscolariser la société à Une société sans école il y a quasiment un contre-sens). Pour faire court l'idée principale d'Illich est de pointer la confusion de nos sociétés modernes qui confondent apprentissage et enseignement.Illich cite les expérences d'Angel Quintero (à Porto Rico) dans lesquelles à condition de disposer des outils et de l'environnement adéquat les élèves instruits par leur pairs apprennent davantage qu'avec des enseignants qualifiés. On ne peut s'empêcher de mettre en relation cette citation avec les débats historiques sur l'enseignement mutuel très présents en France au début du 19e siècle.
1.1 L'enseignement mutuel
La transposition de la place de l'école dans la société telle qu'elle était au début du 19e siècle et telle qu'elle est au début du 21e serait évidemment une erreur parce que les deux sociétés n'ont plus grand chose à voir. Et pourtant les maitres qui font référence à cette période de l'histoire soulignent le fait que l'architecture des classes d'aujourd'hui est largement calquée sur celle des classes simultanées qu'on opposait alors aux écoles mutuelles (Faillet, 2017), un immobilisme incompréhensible, mais auquel on s'est habitué.Nous essaierons de retrouver les débats enflammés de l'époque dans cet article sur l'école mutuelle.
1.2 Une école socialisée au service des classes privilégiées
La lecture d'Illich conduit aussi à prendre conscience que l'école d'aujourd'hui est au service de la société... capitaliste. on est tout à fait à l'opposé d'une école émancipatrice. C'est une école inégalitaire dans une société inégalitaire. Une société qui repose sur l'exploitation doit contribuer à la reproduction des inégalités pour conserver des sujets à exploiter. C'est pourquoi l'idée d'une école correctrice des inégalités n'est qu'un trompe l'œil. En fait l'école assure la sélection sociale. La France tient une place de choix dans cette mise en œuvre: parcours sup; les classes préparatoires, les grandes écoles; les premières grandes écoles apparaissent avant la révolution, dans la seconde moité du 18e siècle; elles naissent du bouleversement des idées créé par la philosophie des lumières et des revendications d'une bourgeoisie naissante. Ni la révolution française de 1889, ni encore moins l'empire ne s'opposeront au développement des grandes écoles, qui finalement ne sont pas si républicaines que cela.Une des transformations qui peut être mise en place dès à présent pour faire vivre une autre idée de l'école, c'est l'éducation permanente (Condorcet). Elle repose sur le désir et non sur l'utilité (sans que les deux choses soient incompatibles)
(à suivre)
Pour une autre école, épisode 4 (à écouter: 59min) France culture le 07 septembre 2017.
Dumazedier Joffre. Une société sans école (compte-rendu). Revue française de pédagogie, Année 1972 21 pp. 88-92.
2. L'école au service du numérique ou le numérique au service de l'école ?
(à suivre)Pardon les enfants ! Une tribune de Sylvain Grandserre publiée par le Café pédagogique le 15 avril 2020.
Références
La mixité scolaire et l'égalité des chances doivent redevenir des sujets prioritaires. Najat Vallaud-Belkacem publiée par le Café pédagogique le 16 avril 2020.Oui, mais... Un texte qui va dans le bon sens bien sûr, mais qui ne doit pas créer l'illusion que l'école est là (et peut) compenser les inégalités sociales. C'est bien trop lui demander.
L'école d'après... avec la pédagogie d'avant ? Philippe Meirieu publié par le Café pédagogique le 17 avril 2020.
L’école a raté l'occasion de se renouveler" ? Jean-Paul Payet publié par le Café pédagogique le 24 avril 2020.
Classé dans: Covid 19 école éducation Yvan Illich