L'enseignement mutuel
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Contrairement a une idée répandue l'école dite "républicaine" actuelle n'a rien de républicaine. Du moins si on se réfère à l'histoire.
Son origine remonterait à l'éducateur britannique Andrew Bell qui développe le système scolaire de l'apprentissage réciproque à la fin du 18e siècle. Son compatriote Joseph Lancaster, un quaker, reprend l'idée dans une école qu'il fonde à Southwark. Au début du 19e siècle le modèle se répand en Angleterre, en Italie, en Espagne et en France.
Le dispositif trouve souvent une justification par l'économie de maitres et le manque de moyens; les relations entre élèves ne sont pas vraiment horizontales mais plutôt hiérachiques, mais c'est suffisant pour susciter d'énormes polémiques. Les écoles mutuelles, menées par des athés et des protestants, suscitent l'opposition des congrégations religieuses, de l'église catholique et du pape Léon XII qui l'interdit en 1824.
En 1833, sous la monarchie de Juillet, le ministre de l'instruction publique François Guizot met fin en quelques années à cette pratique qui «fait de l'élève l'égal du maitre et n'est pas compatible avec l'enseignement de la morale qui doit s'appuyer sur un argument d'autorité».
Dans le même temps la formation des maitres est contrôlée par la création d'un réseau d'écoles normales.
L'enseignement mutuel est alors remplacé par son concurent plus ancien, l'enseignement simultané dont le modèle est celui des écoles chrétiennes de Jean-Baptiste de La Salle, fondées au 18e siècle. Certes ces écoles sont destinées aux enfants pauvres, mais ce sont des écoles d'un régime monarchique. L'enseignement simultané n'est plus individuel et donné par un précépteur, comme celui des riches, mais collectif dans des salles calquées sur les nefs des églises d'où le nom de simultané. Les élèves nombreux, regroupés par tranche d'âge, écoutent immobiles et silencieux un maitre sur une estrade qui détient le savoir.
L'instauration de la deuxième république en 1848 ne reviendra malheureusement pas sur ce modèle éducatif. Le mal était fait.
Dans les années 1970, André Giordan propose un modèle pédagogique laissant toute la place aux activités des élèves et à la confrontation de leurs idées et de leur travail en petit groupe ou en groupe classe (3).
En 2017, un autre enseignant de sciences de la vie et de la Terre, Vincent Faillet propose une organisation de la classe très différente des salles traditionnelles (mais très proche de la classe d'André Giordan) tout en se référant explicicitement à l'enseignement mutuel (4)(5).
Classé dans: école éducation
Un élan brisé
J'écoute mal un sot qui veut que je le craigne,
Et je sais beaucoup mieux ce qu'un ami m'enseigne
Vois-les, près d'un tableau, sans dégoûts, sans ennuis,
Corrigés l'un par l'autre, et l'un par l'autre instruits;
L'enseignement mutuel se développe en France peu après la révolution, dès 1795. Des élèves moniteurs enseignent à des élèves moins avancés qui eux-mêmes enseignent à d'autres élèves dans un dispositif pyramidal dont les effectifs peuvent être considérables.Et je sais beaucoup mieux ce qu'un ami m'enseigne
Vois-les, près d'un tableau, sans dégoûts, sans ennuis,
Corrigés l'un par l'autre, et l'un par l'autre instruits;
Victor Hugo, 1819 (1)
Son origine remonterait à l'éducateur britannique Andrew Bell qui développe le système scolaire de l'apprentissage réciproque à la fin du 18e siècle. Son compatriote Joseph Lancaster, un quaker, reprend l'idée dans une école qu'il fonde à Southwark. Au début du 19e siècle le modèle se répand en Angleterre, en Italie, en Espagne et en France.
Le dispositif trouve souvent une justification par l'économie de maitres et le manque de moyens; les relations entre élèves ne sont pas vraiment horizontales mais plutôt hiérachiques, mais c'est suffisant pour susciter d'énormes polémiques. Les écoles mutuelles, menées par des athés et des protestants, suscitent l'opposition des congrégations religieuses, de l'église catholique et du pape Léon XII qui l'interdit en 1824.
En 1833, sous la monarchie de Juillet, le ministre de l'instruction publique François Guizot met fin en quelques années à cette pratique qui «fait de l'élève l'égal du maitre et n'est pas compatible avec l'enseignement de la morale qui doit s'appuyer sur un argument d'autorité».
Dans le même temps la formation des maitres est contrôlée par la création d'un réseau d'écoles normales.
L'enseignement mutuel est alors remplacé par son concurent plus ancien, l'enseignement simultané dont le modèle est celui des écoles chrétiennes de Jean-Baptiste de La Salle, fondées au 18e siècle. Certes ces écoles sont destinées aux enfants pauvres, mais ce sont des écoles d'un régime monarchique. L'enseignement simultané n'est plus individuel et donné par un précépteur, comme celui des riches, mais collectif dans des salles calquées sur les nefs des églises d'où le nom de simultané. Les élèves nombreux, regroupés par tranche d'âge, écoutent immobiles et silencieux un maitre sur une estrade qui détient le savoir.
L'instauration de la deuxième république en 1848 ne reviendra malheureusement pas sur ce modèle éducatif. Le mal était fait.
Retour aux sources
Comme le souligne le dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson l'enseignement mutuel n'a jamais été une totale nouveauté, ni n'a jamais totalement disparu: «Les maitres ont fait appel de tout temps au concours de leurs élèves les plus âgés, soit pour surveiller, soit pour instruire les plus jeunes » (2)Dans les années 1970, André Giordan propose un modèle pédagogique laissant toute la place aux activités des élèves et à la confrontation de leurs idées et de leur travail en petit groupe ou en groupe classe (3).
En 2017, un autre enseignant de sciences de la vie et de la Terre, Vincent Faillet propose une organisation de la classe très différente des salles traditionnelles (mais très proche de la classe d'André Giordan) tout en se référant explicicitement à l'enseignement mutuel (4)(5).
1 Victor Hugo. 1820. Discours sur les avantages de l'enseignement mutuel. Le conservateur littéraire (Wikisource).
2 Mutuel (enseignement). Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson (1911). INRP / IFE.
A la découverte de l’enseignement mutuel. France Culture.
3 André Giordan. 1978. Une pédagogie pour les sciences expérimentales. Le Centurion, Paris: 232.
Anne Querrien. 2010. Une école trop efficace! N'autre école.
4 Vincent Faillet. 2017. La métamorphose de l'école quand les élèves font la classe. Descartes & Cie, Paris.
5 Quelques idées pour l'école et pour une classe flexible
2 Mutuel (enseignement). Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson (1911). INRP / IFE.
A la découverte de l’enseignement mutuel. France Culture.
3 André Giordan. 1978. Une pédagogie pour les sciences expérimentales. Le Centurion, Paris: 232.
Anne Querrien. 2010. Une école trop efficace! N'autre école.
4 Vincent Faillet. 2017. La métamorphose de l'école quand les élèves font la classe. Descartes & Cie, Paris.
5 Quelques idées pour l'école et pour une classe flexible
Classé dans: école éducation