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Luc Perino. 2018. Darwin et les sciences de l'évolution; col. "Pour les nuls". First editions.

Analyse

La partie décrivant la théorie darwinienne du temps de Darwin est correcte, même si on peut regretter l'absence totale de toute illustration; ce qui suit, c'est à dire les apports ultérieurs à cette théorie (ou les critiques) reste extrêmement schématique, peu argumenté et finalement partisan. L'auteur me semble avoir une vision très réductionniste et bien qu'il s'en défende apporter un soutien sans nuance aux idées d'un Dawkins ou à la vision sociobiologique.

L'auteur se perd ensuite dans une multitude de considérations anecdotiques sur la biologie des comportements ou les rapports entre évolution et médecine (et oui, il est médecin).

Pire, le chapitre intitulé "L'humain divinement prétentieux" consiste en un inventaire à la Prévert d'affirmations non argumentées, contradictoires, présentées de manière très superficielle, et qui pourrait prêter à rire si le sujet n'était pas aussi grave (la survie de la civilisation humaine face au changement climatique). L'auteur aurait gagné à se limiter à son sujet, celui de l'évolution (rappelons que pour Darwin l'évolution des sociétés humaines ne relève pas des mêmes mécanismes que l'évolution du monde vivant), plutôt que de se lancer dans un survol superficiel des concepts de l'écologie politique. En bon représentant de l'espèce humaine l'auteur manifeste la prétention d'imposer son point de vue sur tout.

Deux citations

«Réintroduire le Loup et l'Ours dans les régions où l'humain a mieux survécu grâce à leur disparition est une aberration écologique pour notre espèce. (...) Inversement, éliminer des troupeaux de Bouquetins sauvages parce qu'il y a eu un cas de brucellose humaine relève d'un non sens écologique et immunologique. » (p.338)

Comprenne qui pourra cette contradiction.

Et sur un sujet d'une tout autre ampleur: «Il n'y a donc que deux catastrophes écologiques pour une espèce: cesser d'explorer son environnement et de chercher à le comprendre; cesser d'en tirer le meilleur profit individuel pour sa reproduction, sa survie et celle de ses descendants. Mais ces deux catastrophes là (...) ne peuvent pas arriver à toutes les populations d'Homo sapiens en même temps.» (p.339)

Même si le texte a été écrit avant l'épidémie de Covid-19, l'auteur, médecin, ne pouvait ignorer l'existence des pandémies (comme celle de la grippe espagnole de 1918); ces pandémies sont mondiales, nous habitons tous la même Terre et si par hasard quelque tribu d'une ile isolée d'Andaman peut rester à l'écart, il ne faut pas compter sur elle pour reconstruire l'Internet si les autres populations du globe disparaissent. C'est donc une affirmation totalement hors sol qui ignore le caractère global de la civilisation humaine et notre interdépendance. Et sur les questions non médicales l'auteur semble vouloir ignorer la gravité du changement climatique, qui touche aussi bien les Inuits (pêcheurs-chasseurs de l'arctique) que les Peuls (éleveurs du Sahel). Où bien l'auteur est un négationniste du changement climatique, ou bien un extraordinaire cynique, un des pires catastrophiste qui pense l'Homme totalement incapable de stopper la destruction de l'environnement humain qu'il a lui même provoqué.

En savoir plus

Sur Darwin et la théorie de l'évolution.
Sur l'histoire de l'écologie politique.

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